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Chemins de deuil

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Chemins de deuil
17 mai 2008

Continuer de vivre et d'aimer...

Le 24 janvier 2007, le lendemain du décès d'Iris, Ketsia m'a dit: je ne t'en voudrai pas si tu rencontres quelqu'un d'autre. J'ai bien entendu mis immédiatement de côté cette phrase qui ne correspondait pas du tout à ce que je voulais vivre.

Et pourtant, mes filles ont prié pour que je rencontre une nouvelle compagne.

C'est arrivé l'année passée. Je n'en ai pas parlé sur ce blog mais il est temps maintenant de le faire. Car, à entendre d'autres histoires, c'est une chose qui arrive même lorsque l'on pleure encore son épouse ou son époux !

J'ai donc rencontré Sylviane. Et c'est un peu étrange: en effet, Iris m'avait parlé plusieurs fois d'elle car elles avaient accompli leur apprentissage ensemble. Nous devions l'inviter mais cela ne s'est jamais fait. Je ne connaissais donc pas cette personne. Je l'avais juste vu 5 minutes à la Ligue lorsqu'Iris me l'avait présentée: tu sais, c'est la fille dont je t'ai déjà parlé...

Je dois l'avouer, et nous avons été d'accord avec Sylviane pour cela: c'est arrivé trop rapidement. Nous avons donc songé de remettre des fréquentations à plus tard. Pourtant, il nous est apparu que cela serait ridicule.

J'en ai donc parlé à mes filles, à mes amis et tous ont été heureux de la nouvelle même si mes filles ne pensaient pas que leurs prières auraient une réponse aussi rapide !

Restait un problème: je ne voulais pas de ne pas vivre mon deuil. L'éveil d'un autre amour ne supprimait pas ma douleur d'avoir perdu mon épouse. Par chance, Sylviane a bien compris cela et m'a soutenu dans mon chemin de deuil. Elle a même pleuré Iris avec moi et vécu intensément mes moments de doute, de douleur, de découragement.

Mais la joie d'une nouvelle relation s'est aussi installée. Même si nous ne vivons pas ensemble car nous désirons rester fidèle à nos convictions chrétiennes qui nous poussent à attendre le mariage pour nous connaître totalement, nous avons pu beaucoup partager et vivre de très bon moments de complicité.

Néanmoins, la culpabilité m'étreint parfois: j'ai été totalement fidèle à Iris et j'ai l'impression de la trahir en développant une autre relation avec une femme. Emotionnellement, ce n'est pas toujours facile à gérer ! La joie, la tristesse, la culpabilité veulent se frayer une place dans mon âme et se bousculent l'une l'autre.

Mais je me suis rendu compte que le souvenir que j'ai d'Iris ne disparaît pas de mon coeur malgré cette nouvelle relation. Elle fait partie de moi, de mon histoire et rien ne pourra l'en déloger. Pourtant, je ne veux pas qu'elle devienne fantôme entre Sylviane et moi, qu'elle soit omniprésente sans être là. Et je constate que cela aussi est possible. Je peux aimer Sylviane, découvrir la personne unique qu'elle est. Elle m'apporte des expériences différentes. Elle sait ne pas remplacer mais simplement succéder. Elle accepte cette réalité qu'elle fréquent un homme qui a été marié presque 25 ans et qui en a été heureux.

Ainsi, j'ai finalement la chance de vivre deux histoires différentes qui ne s'annulent pas mais se complètent. J'ai réservé quelques dates dans l'année où je pourrai prendre du temps à me souvenir consciemment d'Iris (les dates anniversaire qui avaient de la valeur pour notre couple). Sylviane s'y associe. Elle était avec moi sur la tombe d'Iris le 8 mai, date de notre anniversaire de mariage.

Les autres jours de l'année, j'entre totalement dans cette nouvelle relation. Et lorsqu'un souvenir revient, je le laisse prendre une place et repartir. Il m'arrive alors de pleurer quelques minutes ou sourire mais je ferme ensuite la boucle pour ne pas me laisser envahir. Ce qui est extraordinaire, c'est que je peux en parler simplement avec Sylviane sans être dans le secret. Elle l'accepte et je lui en suis très reconnaissant car je me sens libre de terminer mon deuil à mon rythme. Notre relation n'est ainsi pas mise en danger, elle me l'a confirmé, car je vis alors aussi totalement ma relation avec elle.

Je pense que ce que je vis, d'autres le vivent ou le vivront aussi. C'est beau même si cela peut paraître inimaginable. Cela peut faire partie d'un chemin de deuil. L'important, c'est de ne pas quitter ce chemin, d'aller jusqu'au bout. C'est aussi d'être dans la vérité, ne pas se mentir sur des sentiments parfois ambivalents.

Lorsque Ketsia était dans le ventre de sa maman, nous avions dit à Rachel: notre coeur va s'agrandir et il y aura de la place pour aimer ton frère ou ta soeur et continuer de t'aimer toi comme nous t'aimons maintenant. Nous avions reparlé plusieurs fois. Nous avons eu la chance que Rachel et Ketsia s'entendent bien même si elles sont différentes, même si parfois cela n'a pas été facile.

Je crois que mon coeur s'est encore agrandi ces derniers mois et que j'ai de la place pour aimer Sylviane. J'en suis heureux et elle le mérite bien. Nous nous marions le 5 juillet. 

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16 mai 2008

La souffrance des autres...

Je n'ai plus écrit depuis plusieurs mois sur ce blog. Pourtant j'ai vécu de nombreux instants, tristes ou joyeux, qui auraient pu me donner matière à composer !

Si Fauré avance que l'étape de déstructuration peut durer plusieurs années (ce que je crois volontiers), je pense que j'ai la chance d'entrer dans la phase de restructuration assez rapidement. Cela ne veut pas dire que le deuil est loin. Les phases s'interpénètrent. Ainsi il m'arrive encore parfois durant de courts instants d'être dans le déni. Je sors du travail, il y a du soleil et je me réjouis de rejoindre Iris pour aller me promener...puis rapidement, je me sens penaud car ce temps n'existe plus ! C'est normal paraît-il, mais cela est bizarre.

Quelques événements de ces derniers mois ont été très douloureux. Ainsi, deux décès accidentels sont survenus en février et en avril.

Le premier est celui d'un jeune de 24 ans, fils d'amis. Il s'est tué lors d'une belle journée ensoleillée, sur une route sèche, sans qu'il y ait d'autres voitures sur la route. Il partait rejoindre ses amis. On ne sait pas encore ce qui s'est  passé ! Il fréquentait depuis plusieurs années. J'ai vécu très douloureusement ce décès car  mon ami a déjà perdu son épouse il y a quelques années. Et puis, je me rappelle bien Emmanuel: je l'avais tenu dans les bras à la maternité et l'avais ensuite dévoré des yeux. Il faut dire qu'Iris était enceinte de Rachel et cet enfant matérialisait ce que j'allais bientôt devenir: papa ! La cérémonie des adieux a eu lieu dans l'église où Iris m'a amené l'après-midi après qu'elle m'ait dit "oui": autre souvenir ! Je n'y étais jamais allé sans elle.

Il y a parfois ou souvent des événements que l'on ne comprend pas. Comment est-ce possible que ce jeune qui avait un témoignage riche et qui était aimé de beaucoup puisse partir ainsi ? Lui qui se vouait à l'autre, se donnait pour le bien d'autrui, comment a-t-il pu être repris si rapidement par son créateur et père céleste ? L'être humain n'a pas les réponses à tout. Je constate pourtant que ce jeune avait vécu tellement intensivement qu'il avait déjà semé de nombreuses graines d'amour. Sa mission sur cette devait être terminée. Reste sa famille, son amie. Il est parfois cruel de rester en vie et de continuer la route...

Un autre décès tragique a eu lieu le 1er avril sur l'autoroute: une jeune femme a été tuée sur le coup par un camion venant du sens inverse et qui lui est tombé dessus. Telle est, en substance, l'article que j'ai lu. Immédiatement, quelque chose en moi me crie: pourvu que cela ne soit pas quelqu'un que je connais. Je passe alors en revue les possibilités. Je n'en vois pas. Et pourtant... Le lendemain j'apprends qu'il s'agit d'une camarade de cours, tout comme son mari et sa meilleure amie ! Une personne que j'appréciais beaucoup et qui apportait une bonne vitalité dans le groupe grâce à sa bonne humeur et à son enthousiasme.

Bien sûr, ce décès déjà très pénible en soi, m'a rappelé le départ rapide d'Iris: même jour, même attente de l'autorisation d'inhumer le corps, même jour pour l'enterrement. Et aussi un mari éploré, bien que très courageux. Là aussi beaucoup de questions. Toutefois, au travers d'une profonde tristesse, Dieu m'a montré dans cet événement que j'avais déjà bien avancé sur mon chemin de deuil. En plus, la cérémonie a eu lieu dans une église dans laquelle je vivrai un autre événement important. Mais j'en reparlerai.

La souffrance des autres rejoint ainsi parfois notre propre souffrance. Celle-ci nous permet de mieux comprendre l'autre, d'être plus concerné. Il y a toutefois le danger de mélanger les événements et il y a donc intérêt d'être vigilant.

En ce qui me concerne, je remarque que cela a atteint ma résistance émotionnelle en plus d'autres situations pas faciles. Je me sens ainsi vulnérable et cela n'est pas facile pour moi à vivre. J'apprends à accepter cette vulnérabilité, à continuer d'avancer avec elle.

Et puis j'apprends aussi à mieux comprendre l'autre dans sa souffrance, à être plus empathique. En serais-je meilleur ? Non, mais plus dans la réalité de la vie, ça certainement !

19 décembre 2007

La solitude

Cela est bien connu et en tout cas la souffrance nous le fait vivre: nous sommes les seuls a pouvoir marcher sur notre chemin ! Personne ne peut porter à notre place notre vie et les douleurs qui l'accompagnent. Personne, sauf le Christ, qui lui seul peut nous accompagner sur le sentier, voire même parfois nous porter lorsque cela est nécessaire.

Je ne fais pas exception à la règle. Je suis très conscient que c'est à moi seul de traverser ma vallée ténébreuse avec les forces et les faiblesses qui sont les miennes. Je ne peux pas demander à un humain de le faire à ma place. Dès le début, cela a été clair dans mon esprit, même si je ne ne me rendais pas compte de ce que cela voulait réellement dire ! J'ai donc choisi de vivre clairement mon deuil...même si parfois ou même trop souvent, je me cache pour pleurer !

A nouveau le Dr Christophe Fauré décrit bien cela (ah, je vous conseille vraiment ces livres, vous qui souffrez de la perte d'un être cher !) : Le deuil est intrinsèquement un chemin de solitude. Même ceux qui tiennent le plus à vous sont incapables d'avoir accès à l'intimité de votre peine. Si forts que puissent être leur amour et leur désir de vous apporter de l'aide, vous restez seul face à votre douleur (page 164, Après le suicide d'un proche).

"La solitude, cela n'existe pas !" chantait un chanteur lorsque j'étais adolescent. Or, dans une dissertation sur ce sujet, j'avais déjà écrit que oui, cela existait !

La solitude est une "compagne" à qui je n'ai pas donné beaucoup de place entre 22 et 44 ans. Elle est revenue dans ma vie par surprise dès février-mars 2002. J'en étais arrivé à croire qu'elle n'existait plus ! Et là, dans un pays appelé Vallée de Joux, elle a à nouveau tapé à ma porte. Machinalement, j'ai ouvert et elle a de nouveau fait partie de ma vie.

J'étais à l'époque le nouveau directeur de la maison d'accueil (!!!) de la région et j'avais commencé avant que ma famille déménage depuis la Chaux-de-Fonds. C'est ainsi que je me suis retrouvé plusieurs fois seul, voire très seul, à me promener dans la nature. En effet, contrairement à ce que l'on nous avait promis, je n'avais pas vraiment été accueilli dans cette région que j'ai découverte "très fermée" à cette occasion. Aucune invitation, bien que je faisais partie de l'église. Cela ne m'était jamais arrivé de rencontrer des groupes chrétiens si peu hospitaliers. Alors j'ai essayé de m'intégrer. J'ai fait partie de deux groupes de prière et de partage pour rencontrer des gens du coin. L'un ne m'a plus envoyé d'invitation dès le moment où j'ai dit que je n'irai pas au repas de soutien du restaurant de l'église protestante comme mes prédécesseurs. Je peux avouer aujourd'hui: je n'en n'avais pas les moyens car j'étais payé CHF 3'400. par mois (!!!) et j'avais deux appartements à payer et les autres factures ! Malheureusement, nous avons dû puiser dans ma caisse de pensions. Je suis conscient aujourd'hui de la folie humaine d'avoir accepté ce poste à cause d'un appel chrétien... En fait les chrétiens de la région voulaient surtout trouver un couple directeur pour laisser ouverte leur maison... L'autre groupe ne m'a plus envoyé d'invitation lorsque mon épouse et moi avont été licenciés sans respect des règles humaines (sans possibilité de nous défendre contre des accusations encore inconnues aujourd'hui) et contractuelles (sans médiation). Nous perdions ainsi notre travail et notre groupe de "soutien".

Nous avons alors vécu avec Iris une profonde solitude relationnelle. Nous n'osions souvent pas en parler avec ceux que nous connaissions avant cet épisode car nous avions honte et nous étions lynchés comme des malpropres par les "chrétiens" de la Vallée (du moins de ceux que nous connaissions !). Heureusement que des chrétiens que nous ne connaissions pas nous ont ouvert parfois leur porte. C'est la même famille d'ailleurs qui nous accueillis, mes filles et moi, après l'incendie et le décès d'Iris.

Maintenant, c'est vrai, je vis une profonde solitude après le décès d'Iris. Même si j'ai rencontré des personnes nouvelles qui me sont devenues très chères, je me sens parfois très seul.

Je sais que mes filles également vivent cela, même si elles sont souvent entourées.

Nous essayons alors parfois de nous soutenir mutuellement, mais l'intimité de notre peine comme l'écrit si bien Fauré reste inaccessible car seuls nous pouvons franchir certaines étapes personnelles par rapport à ce séisme familial que nous pouvons vivre avec le deuil d'une maman ou d'une épouse. Parfois même notre solitude est agravée par l'incompréhension de ceux que nous côtoyons, de ce qu'ils peuvent dire sur la situation.

En cette période de Noël, c'est pour moi et aussi pour mes filles, encore plus criant. L'absence d'Iris prend une envergure plus grande comme parfois les ombres créées par les bougies...

Durant cette période, j'en suis conscient, je ne suis pas drôle à vivre. Je suis triste même si j'ai des raisons de me réjouir.

Si j'écris cela, c'est pour que ceux qui vivent cette épreuve se rendent compte que cela est normal. L'événement de la mort nous laisse déphasé par rapport à notre environnement. Ceux qui côtoient des endeuillés peuvent alors simplement être là. Ils n'ont pas besoin de donner des conseils, ni de faire rire, ni de raconter des histoires pour nous distraire de notre pensée. Je crois que les endeuillés ont surtout besoin de trouver des personnes qui soient naturelles mais surtout présentes, des personnes qui n'abandonnent pas même si l'endeuillé met inconsciemment des barrières. La persévérance dans la bienveillance m'apparaît être un très bon remède que la littérature relève également. Et, comme je l'ai déjà écrit, oser parler clairement avec ceux qui souffrent de la personne disparue. Ce sera certainement le plus cadeau que vous pourrez faire.

Est-ce que parler de la personne disparue va pousser la personne endeuillée à rester dans son deuil ? Je ne crois pas car cela va souvent permettre de prendre conscience de plus en plus nettement de la réalité: la personne n'est plus là et ne reviendra pas. D'en parler permettra tout au plus de la laisser partir à notre rythme...

Il est important pour les personnes souffrant de deuil de trouver des personnes aptes à parler de leur deuil. Par chance, j'ai choisi immédiatement de trouver une personne compétente qui a été formée pour cela. Ainsi je vois une diacre régulièrement qui connaît les étapes du deuil et qui ne s'offusquent pas de mes états d'âme, de mes régressions. Au contraire, elle peut systématiquement me dire où j'en suis et me confirmer que cela est juste que j'en sois là. Au vu du mur de silence qui peut se dresser autour de nous, c'est une grâce de pouvoir partager avec un vis-à-vis qui nous comprend.

J'ai personnellement aussi la chance de côtoyer quelques personnes qui m'aiment et qui me laissent vivre mon deuil à mon rythme. Qu'elles en soient ici remerciées chaleureusement. Elles se reconnaîtront !

Christophe Fauré écrit (encore !): le fait de réunir autour de soi un réseau de soutien de qualité est considéré comme une des conditions les plus favorables pour cheminer dans le deuil. Cette présence n'enlève rien à la douleur, ni au sentiment de solitude, mais elle constitue une aide inestimable pour ne pas sombrer (p. 165).

18 décembre 2007

J'en bave...

Je n'ai pas écrit ces derniers mois bien que j'en avais envie. Ce n'est pas les idées qui manquaient, mais la force de prendre le temps.

L'automne a été très difficile moralement. Saison pleine de couleurs châtoyantes, j'ai souvent dit qu'elle était ma préférée. Cette période fascinait également Iris. Nous aimions la contempler ensemble.

Je me rappelle d'une journée merveilleuse en octobre 2005. Nous étions partis tous les deux. J'avais comme but de photographier toutes les églises de la Vallée. Elle avait souscrit avec enthousiasme à ce projet et s'était proposée comme chauffeur. Nous avions ainsi fait le tour du lac et traversé tous les villages pour mettre en boîte ces édifices. Cela avait été un super moment de complicité comme nous en passions souvent.

Traverser une saison qu'aimait celui qui est parti m'est donc apparu lourd. La présence de l'absence ou l'absence de présence, c'est selon, mine l'esprit. L'anniversaire d'Iris, le 30 octobre, a aussi été lugubre pour moi.

Comment ai-je vécu mon deuil durant ces moments ? De façon certainement incompréhensible pour ceux qui me côtoient.

D'abord mon côté introverti a pris le dessus. Je me suis enfermé dans mes pensées et dans mes souvenirs. Seules quelques personnes ont pu m'approcher, dont mes filles, même si j'avais envie de rencontrer du monde.

Il y a en effet un côté très paradoxal dans ce que je vis et qui semble se retrouver chez d’autres selon ce que j’ai pu lire : nous avons besoin de rencontrer des gens mais nous les fuyons en même temps.

Il faut dire que je me rend compte aussi d’un énorme malentendu qui existe entre ceux qui sont en deuil et ceux qui les côtoient et que je vis intensément.

Lorsque je rencontre des personnes connues, je réalise qu’il y a comme un sujet tabou : Iris et comment je vis quotidiennement l’absence d’Iris. Même ses meilleurs amis ne m’en parlent pas en premier. Et moi, cela me ferait du bien de faire le point avec eux…

C’est vrai, j’ai besoin de parler de l’absence d’Iris, ce que je vis au travers de cette expérience douloureuse. Mais je m’imagine contrarier les autres, alors je me tais. Et les autres, certainement, n’osent pas m’en parler et même parfois, m’évitent.

Et puis, conscient de ce douloureux poids qui parfois m’oppresse, j’en arrive moi aussi à éviter de téléphoner ou à ne pas donner suite à une invitation. Car j’ai honte de ma peine, je culpabilise d’être peut-être devenu une personne ennuyante…

Alors souvent, lorsque je rencontre des personnes, je plaisante, je suis enjoué, je fais bonne figure…

Le deuil me renvoie à moi-même, me pousse à regarder qui je pense être. Et je réalise que les trahisons de ces dernières années, celles dont a également souffertes Iris et qui sont aussi certainement pour quelque chose dans son décès, m’ont profondément marqué. J’ai perdu confiance en l’autre et en moi.

Christophe Fauré décrit bien la situation que je ressens comme de plus en plus personnelle : « Se sentir « différent » peut conduire à l’autoexclusion, la honte murmurant sournoisement à l’oreille qu’on ne mérite pas l’aide d’autrui : le retrait est un des risques d’une telle cognition. C’est précisément cette mise à distance des autres qui est préoccupante car, ce faisant, on se coupe de son réseau de soutien : on ne donne pas signe de vie, on ne répond plus aux messages téléphoniques et, en conséquence, les proches appellent de moins en moins, ce qui peut être paradoxalement vécu comme de l’abandon, alors qu’on est soi-même à l’origine de cette désaffection ! Si on n’y prend pas garde, on crée soi-même les conditions qui font obstacle à l’aide dont on a pourtant tellement besoin ! (Après le suicide d’un proche, page 156).

Comme ma personnalité me pousse à me sentir différent, je cumule un peu…

De plus, je me rends compte que le fait d’avoir vécu le décès d’Iris comme un suicide m’a profondément marqué. Je constate, malgré avoir cru le contraire, que je n’ai pas encore réussi à me mettre au large de cette idée même si le rapport d’autopsie ne peut pas être plus clair.

24 août 2007

Vous avez parfois un air triste...

"Vous avez parfois un air triste et vous paraissez absent" me dit une collègue de travail.

C'est vrai. La tristesse reste présente dans mon coeur et se manifeste parfois. Comme ma personnalité me pousse en plus à la mélancolie, je dois donc faire attention.

La tristesse est là qui me rappelle la perte d'un être cher. Elle est normale durant cette période et je réclame ce droit de la vivre même si ce n'est pas souvent politiquement correct. D'ailleurs j'observe qu'il ne me sert à rien de vouloir lutter contre elle car alors elle se rebelle et peut se transformer en comportement inadéquat.

La tristesse vient puis elle repart. J'essaie de l'accepter simplement. Je lui demande de ne pas me submerger, surtout à mon travail, afin que je puisse continuer à être le plus possible opérationnel. Parfois, quand c'est trop dur, je vais au WC pour me décharger en laissant couler quelques larmes. Et je peux retourner à mon bureau soulagé. Bien sûr ce serait mieux de ne pas devoir me cacher et de vivre cette émotion dans l'authenticité totale. Mais, cela est connu, le monde du travail et même la société en général ne sont pas des lieux adéquats !

Mais parfois elle se voit sur mon visage et souvent dans ces moments mon énergie est basse. Déjà que je ne suis pas une force de la nature... Alors j'aimerais être fort, ne jamais être triste, encourager chacun, vivre une joie rayonnante. Mais voilà, je suis un homme, simplement. Avec ses limites. Et puis même Jésus a pleuré devant le tombeau de Lazare.

Par contre je lutte contre la mélancolie. Car celle-ci est un mode de pensée qui consiste à me plonger dans le passé pour me dire "Ah, si j'avais su, ah si je vivais encore ce moment" ou à vivre une illusion qui occulte la réalité du genre "Dire que si Iris était encore là elle pourrait vivre cela". Alors à chaque fois que j'en ai la force, je me concentre sur l'Ici et le Maintenant comme je l'ai appris depuis quelques années. Je demande à Dieu l'Esprit de contentement afin de discerner ce que j'ai la chance de "posséder" à cet instant de ma vie. Cela permet de me resituer.

Quand je n'y arrive pas, un cycle infernal se met en branle et me pousse dans l'abîme du désespoir. Heureusement, cela n'arrive pas trop souvent. J'ai la grâce d'avoir encore assez de force pour résister.

Selon mes lectures, selon les témoignages que j'ai pu recueillir, la tristesse est incontournable et doit se vivre. Par contre la mélancolie peut jeter n'importe qui dans la dépression clinique.

Or il est mieux (pas d'un point de vue moral !) de ne pas tomber dans celle-ci car selon un médecin, cela arrête le processus de deuil. Par contre des instants de "vécu dépressif" sont tout-à-fait normaux. Ceux-ci se différencie de la dépression par plusieurs facteurs dont voici quelques-uns décrit par le Dr Christophe Fauré:

Le vécu dépressif évolue normalement par "vagues" successives, alternant des gouffres de désespoir et des temps de répit où on parvient à faire face (ces vagues tendent à décroître en fréquence et en intensité au fil du temps, même si elles persistent parfois pendant des mois ou des années). Même si la tonalité générale est triste et pesante, on reste sensible et "réactif" aux événements heureux. Il persiste une relative capacité à envisager l'avenir et, après quelque temps, de nouveaux projets. Ce ressenti dépressif est le coeur de la souffrance de cette troisième phase du deuil. Je considère même que c'est le temps le plus difficile de tout le chemin du deuil.

Donc, que ceux qui vivent le deuil, ne s'alarment pas quand cela leur arrivera car c'est NORMAL ! Même si d'autres semblent vous dirent par leurs paroles ou par leur attitude que cela ne l'est pas. Je crois que nous devons résister à une certaine croyance populaire qui peut nous contraindre à nous voir comme complètement inadéquat. Personnellement cela m'aide beaucoup de pouvoir percevoir ces phases comme normales. Je suis quitte de me battre contre des moulins à vent ! Je peux ainsi me concentrer sur l'essentiel: le chemin de ma vie sur lequel je marche et le sens des obstacles que j'y rencontre.

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23 août 2007

Je l'ai enlevée...

Comme je l'ai écrit il y a une semaine,  j'ai reçu l'appel à laisser partir Iris et les circonstances de son décès. Je l'ai fait devant témoins. Je l'ai remise à Dieu en réalisant au plus profond de mon coeur qu'elle lui appartenait et qu'il était donc le maître de sa vie comme elle l'avait choisi le 4 avril 1976. Depuis, un fardeau est tombé de mes épaules même si, bien sûr, je suis encore dans le deuil.

J'ai vécu ce moment, il est vrai, dans beaucoup de larmes. Avant, j'ai marché dans la campagne pour trouver une fleur qui symboliserait celle que j'ai aimée. Elle aimait tellement les fleurs... J'ai vu plusieurs sortes de fleurs sans être convaincu. Puis j'ai aperçu une nouvelle fleur, un orchis, seul dans le pré. Il me semble que sa saison se termine plus tôt mais voilà, elle était là... Ma foi, je suis un romantique et un amoureux des symboles. Ceux qui connaissent l'ennéagramme reconnaîtront des traits de ma personnalité...

Durant ce temps de prière, les larmes ont redoublé. Mais je suis arrivé à faire ce pas que je ne pouvais me résoudre à accomplir ces derniers mois. J'ai déposé la fleur comme acte concret, j'ai prié, j'ai renoncé à nouveau mais cette fois définitivement à résoudre cette équation à plusieurs inconnues qui hante mon coeur depuis le 23 janvier. D'autant plus que la plus importante est tombée par la lecture du rapport d'autopsie. J'ai alors aussi ressenti que c'était le moment d'enlever mon alliance. Mais les jointures de mon annulaire ne la laissaient plus passer... En fait, je n'étais pas déçu car j'ai décidé à ce moment de l'enlever le 23 août, 26 ans après avoir laissé Iris me l'enfiler pour la première fois lors de nos fiançailles. Depuis, je ne l'ai enlevée que deux fois: la première avant notre mariage pour la repolir et la deuxième durant quelques semaines à cause d'une fracture.

Aujourd'hui 23 août 2007, je suis passé chez le bijoutier qui a scié l'alliance. Il l'a "ressoudera" et je pourrai la conserver en souvenir avec celle d'Iris (qu'elle ne pouvait plus mettre).

Suzanne Zonnebelt-Smeenge écrit dans "Surmonter la perte du conjoint" (voir livres cités):

Vous gardez peut-être des souvenirs merveilleux de votre mariage, mais le fait est que cette relation n'existe plus. En ôtant votre alliance, vous faites un grand pas vers l'acceptation de cette réalité et du fait que vous êtes désormais une personne seule. C'est une démarche importante et saine.

En ôtant mon alliance, je ne choisis pas d'oublier Iris. Non, je ne le veux même pas, au contraire. Je demande à Dieu de toujours conserver dans un coin de mon coeur le souvenir de celle que j'ai aimée et qui m'a aimé durant si longtemps, de me souvenir aussi de la maman qui aimait nos filles. Mais je lui demande aussi que ce souvenir ne soit pas un fantôme qui me tient lié et m'empêche de m'ouvrir à la vie ouverte devant moi. Je désire accepter la réalité et continuer d'avancer sur mon chemin. Avec le Christ !

16 août 2007

La traversée de la vallée profonde...

Je n'ai pas pu l'éviter ! Les deux derniers mois ont été les plus difficiles. Les cauchemars et les mauvaises nuits, une santé physique défaillante m'ont pesé. Je suis arrivé à faire face plus ou moins bien à mon travail où j'ai reçu la responsabilité d'un nouveau projet captivant.

J'ai beaucoup crié à Dieu dans mon coeur durant ces mois. J'ai pas mal pleuré. De plus le retour de Rachel a aussi remué les émotions. Pourtant, j'ai continué le chemin rocailleux, fut-il au fond de la vallée. J'ai ressenti la présence de Dieu mais je n'ai pas toujours réussi à saisir sa main apaisante et pleine d'amour.

Quelques amis précieux m'ont aussi soutenu et cela m'a fait du bien. Le partage et la prière avec mes filles nous a encore plus unis. Nous nous soutenons les uns-les-autres. Ce que nous avions bati avec Iris n'est donc pas perdu, grâce à Dieu !

Et puis, je me suis inscris à une retraite de silence pour être devant Dieu et le prier. Je l'ai longuement écouté et je l'ai entendu parler à mon coeur.

Là bas, j'ai pu déposer le fardeau trop difficile à porter: comment est finalement décédée Iris ? Pourquoi dans de telles conditions ? Quel est le sens de son décès ?  Pourquoi avons-nous dû entendre qu'elle s'était suicidée alors que cela s'avère faux ?

Bien des questions qui prennent de l'énergie. Mais durant cette retraite, en silence devant Dieu, j'ai entendu: "Je t'aime depuis toujours mon fils, entre dans mon repos".

J'ai dit oui. Alors mes cauchemars ont disparu, mes nuits se sont apaisées et mes forces reviennent. Je peux continuer mon deuil simplement. J'ai laissé partir Iris et les circonstances mystérieuses de son décès. Les larmes coulent encore mais un immense poids est tombé de mes épaules. Ce n'est plus moi qui le porte. Merci Seigneur !

28 juin 2007

La colère...

(En fait, j'avais commencé ce texte le 8 juin, puis...la fatigue et les occupations aidant.... je termine aujourd'hui).

La colère est une émotion connue dans le processus de deuil. Je l'ai donc rencontrée...

D'abord la colère contre certaines personnes de la Vallée le 23 janvier. Dans ce local de police où une souffrance indicible m'a enveloppé j'ai crié contre elles. Si elles avaient été devant moi, j'aurais pu les frapper et même plus comme je l'ai dit ...aux policiers. Je me rends compte lors de ces dernières semaines que je n'ai pas encore totalement apaisé cette colère contre ceux que je vois parfois comme en partie responsable de la mort de mon épouse. Dans ma méditation avec Dieu à ce sujet, il m'est venu deux faits tangibles que je peux reprocher: la non médiation qui était pourtant contractuelle et l'absence de "procès" durant lequel nous aurions pu nous défendre valablement des accusations de nos adversaires. Il y a là une injustice que nous n'avons jamais pu accepter Iris et moi. Au-delà des personnalités et du contentieux qui nous ont semble-t-il séparé, cela reste comme présent comme un scandale. Le monde chrétien n'affronte pas souvent réellement ses conflits. Quand je gratte un petit peu, le monde non chrétien non plus... Le chemin du pardon consiste donc à pardonner ce que nous jugeons souvent nous-mêmes comme impardonnable. Et là, seul Dieu peut me donner cette force. Je suis engagé sur ce chemin, mais il est difficile. Surtout depuis le 23 janvier. Comme si tout d'un coup il était devenu abrupte au côté d'un précipice, celui de l'amertume et du ressentiment qui tue... La colère entretenue contre les autres n'aboutit à rien, je le reconnais bien.

J'ai aussi rencontré de la colère contre Iris. Fauré écrit que cela est normal et qu'il faut oser le dire, le reconnaître. C'est vrai que parfois j'exprime cette colère à haute voix quand je pense à mes filles. Mais, cette colère n'est pas violente. C'est comme un reproche plein d'interrogations. Et puis, ces 3 dernières semaines, une information capitale dont je pourrai peut-être parler plus tard à changé la perpective...

Enfin, j'ai rencontré une colère parfois terrible contre moi-même. Elle se transforme en culpabilité, en honte, en dégoût de soi. Il est arrivé que certains jours j'ai eu envie d'en finir, particulièrement le matin en me levant, comme une évidence que je n'avais plus le droit de vivre. Heureusement, il y a mes filles et quelques autres personnes pour qui j'ai encore envie de vivre.

Cette lutte avec la colère, ce que je fais pour la gérer et la canaliser, me remet devant mon humanité et mon imperfection. A moi qui donne des formations de développement personnel, à moi qui coache, cela donne une bonne matière de formation continue. J'y puise des enseignements que j'espère sages et qui m'ouvrent à la compréhension de l'autre, à sa propre imperfection. L'ennéagramme confirme également qu'il est un outil inestimable pour mettre des mots sur les motivations et les mécanismes de défense que l'être humain peut trouver dans ses situations existentielles. L'analyse transactionnelle, la systémique, la PNL, la thérapie cognitivo-comportementale, la spirale dynamique, la méthode Vittoz, l'auto-développement, deviennent aussi des compagnons indicateurs sur ma démarche et m'aident à passer certains cap. Ils me sont utiles dans ma vie de foi, parfois même très utiles. Mais seule peut m'apporter véritablement et émotionnellement un soulagement ou une guérison ma relation vivante avec Dieu qui débouche parfois sur des rencontres de personnes qui m'enrichissent et m'aident à continuer d'avancer.

8 juin 2007

La troisième étape dure et difficile a commencé...

Depuis mi-mai nous entrons dans cette troisième étape annoncée comme difficile par Fauré. Ketsia et moi souffrons de plus en plus de nous retrouver seuls dans cette maison qu'Iris avait tant fait pour la rendre habitable et décorée.

Aujourd'hui, les mauvaise herbes et les limaces envahissent le jardin dans lequel je n'arrive pas à travailler. Quelques "lupins", iris et autres fleurs poussent. Le corridor de la mort, comme je le ressens depuis le 23 janvier, est tout blanc (il a été repeint), mais il n'y a plus de photos et les décorations qui faisaient son charme. Les souliers traînent car il n'y a plus de meubles, dont celui où Iris avait déposé des photos et des figurines. La cave, grande et toute blanche elle aussi, est pratiquement vide. Nous avons perdu beaucoup dans l'incendie, dont des choses inestimables du point de vue affectif.

Mardi soir, un rayon de soleil a traversé la vitre de la cuisine: Iris s'en réjouissait toujours car cela se passe seulement durant les mois estivaux. Ketsia et moi avons beaucoup pleuré ce soir là. Tout comme hier soir. Je crois que nos tripes, après le cerveau, ont maintenant compris qu'elle ne reviendra plus jamais nous dire "Hello" ou rire, ou s'asseoir sur sa chaise devant l'évier.

Nous n'arrivons pas à vivre dans cette maison. Nous y mangeons, dormons, nous lavons, nettoyons. C'est à peu près tout. Le week-end arrivé, nous en profitons pour partir chez des amis ou dans la famille. Heureusement que Dieu est bon et qu'il nous apporte des joies auxquelles nous ne nous attendions pas ! Nous nous éloignons aussi de plus en plus de la Vallée dans laquelle nous ne sommes pas arrivés à nous intégrer. Nous n'y avons pas beaucoup d'amis (mais ceux-ci sont fidèles et nous réconfortent ). Cette région est magnifique mais elle est hélas connue pour ne pas accueillir les bras grands ouverts. Nous n'avons pas eu la force ...de forcer l'amitié et la convivialité comme nous avions pu le faire à La Chaux-de-Fonds ou ailleurs. J'ai été d'autant plus touché de l'aide spontanée que m'a offerte ma locataire en  tondant  la pelouse.

Dimanche je suis allé pour la première fois cette année dans une église. Cela m'a fait du bien. C'était dans le bas, dans le canton de Neuchâtel. Ketsia va à Neuchâtel même où elle trouve un lieu accueillant.

Aujourd'hui je suis allé voir le dossier d'enquête sur la mort d'Iris. De lire tous les rapports, de voir les photos, m'ont bouleversé et m'ont replongé dans ce jour funeste du 23 janvier. Contrairement à une rumeur qui circule dans la Vallée des suites de commentaires d'un pompier (soi-disant), l'incendie a bel et bien été un accident dû à une bougie. Que ceux qui pensent savoir tout et le disent réfléchissent un peu plus avant de colporter des faits non établis.

Malgré tout je continue d'avancer. Etrangement, même si les larmes semblent un peu reprendre ces derniers jours, je me sens plus fort et je vois parfois Dieu à l'oeuvre qui tisse des liens de tendresse. Quand je ne le vois pas, c'est que mes yeux spirituels restent fermés...

Ketsia est magnifique: elle me fait de bons petits plats, s'occupe de la lessive et du nettoyage. Nous avons aussi de l'aide par des personnes qui montent à la Vallée.

Actuellement, et à nouveau, je m'interroge beaucoup sur la qualité des relations dans le monde chrétien, sur l'entraide et sur ce que je pourrai éventuellement apporter dans ce domaine après la fin de la tempête. Les épreuves que j'ai pu traverser depuis 6 ans me donnent une responsabilité: celle de ne pas oublier les personnes qui en traversent également. Avec l'aide de Dieu, je choisis de prendre ces peines comme une formation pratique et une remise en question. J'apprends beaucoup...tout en me sentant de plus en plus faible en dehors des ressourcent que m'apportent Jésus Christ.

17 mai 2007

La honte

Un sentiment qui se vit fréquemment chez un conjoint après un décès par suicide c'est la honte. Je n'échappe pas au phénomène, d'autant plus qu'il s'agit du sous-type social de mon ennéatype.

En fait, pour l'instant, j'ai peu vécu la honte parce que mon épouse s'était ôtée la vie. Même si, paraît-il, bien des personnes ont raconté des "choses" (la Vallée est petite et ainsi faite), je sais que j'ai été un mari honnête, aimant et soucieux du bien-être de mon épouse. Bien sûr je n'ai pas été parfait, comme tous les maris pour la bonne et simple raison que je suis ... un être humain limité perfectible.

Par contre j'ai honte de mes moments difficiles dans mon deuil. Particulièrement ceux qui me rendent faibles physiquement. Il est pourtant connu que l'immunité physique diminue à cause du stress de cette expérience et ma santé s'en est ressenti: angine, refroidissement, forte fatigue, perte de concentration et de motivation etc.

Je pense que j'aurais voulu tenir droit comme I en face de la tempête. Je n'y suis pas arrivé. Preuve que je reste un ...être humain perfectible ! J'ai donc réalisé que j'avais encore des relents égotiques de toute-puissance, d'infaillibilité.

J'ai dû manquer plusieurs jours à mon travail et j'en ai ressenti une grande honte et une profonde culpabilité. D'autant plus qu'après quelques mois, les autres s'attendent à ce que cela aille mieux... Ma fille cadette en a déjà fait l'expérience.

Heureusement, deux ressources m'ont aidé à ne pas me laisser engloutir par ce sentiment nocif. Le premier, j'ai un chef qui comprend. C'est aussi un être humain perfectible...mais j'avoue que je suis épaté par sa sensibilité et par sa tolérance dans les moments difficiles que je vis. Je le remercie du fond du coeur.

Deuxièmement, j'ai pu lire quelques livres et commentaires sur le deuil et j'ai ainsi appris que les maux dont je souffre sont normaux pour l'épreuve que je vis. Je ne suis donc pas plus faible que les autres. Je me suis donc rassuré.

Vivre un deuil est un long cheminement. L'étape la plus difficile arrive, semble-t-il, après 6-8 mois selon Fauré. Contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes. Ainsi, même si des personnes pourraient s'attendre à une remontée linéaire du fond du goufre, je saurai qu'il est normal de traverser un temps encore plus délicat dans quelques mois...

J'encourage donc ceux qui entourent des endeuillés à ne pas abandonner trop tôt...et à rester attentifs. J'encourage ceux qui traversent cette épreuve à ne pas à ne pas se flageller lorsque cela arrivera. Je l'écris: ainsi je pourrai le relire lorsque je franchirai cette étape !!!

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