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Chemins de deuil
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Chemins de deuil
16 mai 2008

La souffrance des autres...

Je n'ai plus écrit depuis plusieurs mois sur ce blog. Pourtant j'ai vécu de nombreux instants, tristes ou joyeux, qui auraient pu me donner matière à composer !

Si Fauré avance que l'étape de déstructuration peut durer plusieurs années (ce que je crois volontiers), je pense que j'ai la chance d'entrer dans la phase de restructuration assez rapidement. Cela ne veut pas dire que le deuil est loin. Les phases s'interpénètrent. Ainsi il m'arrive encore parfois durant de courts instants d'être dans le déni. Je sors du travail, il y a du soleil et je me réjouis de rejoindre Iris pour aller me promener...puis rapidement, je me sens penaud car ce temps n'existe plus ! C'est normal paraît-il, mais cela est bizarre.

Quelques événements de ces derniers mois ont été très douloureux. Ainsi, deux décès accidentels sont survenus en février et en avril.

Le premier est celui d'un jeune de 24 ans, fils d'amis. Il s'est tué lors d'une belle journée ensoleillée, sur une route sèche, sans qu'il y ait d'autres voitures sur la route. Il partait rejoindre ses amis. On ne sait pas encore ce qui s'est  passé ! Il fréquentait depuis plusieurs années. J'ai vécu très douloureusement ce décès car  mon ami a déjà perdu son épouse il y a quelques années. Et puis, je me rappelle bien Emmanuel: je l'avais tenu dans les bras à la maternité et l'avais ensuite dévoré des yeux. Il faut dire qu'Iris était enceinte de Rachel et cet enfant matérialisait ce que j'allais bientôt devenir: papa ! La cérémonie des adieux a eu lieu dans l'église où Iris m'a amené l'après-midi après qu'elle m'ait dit "oui": autre souvenir ! Je n'y étais jamais allé sans elle.

Il y a parfois ou souvent des événements que l'on ne comprend pas. Comment est-ce possible que ce jeune qui avait un témoignage riche et qui était aimé de beaucoup puisse partir ainsi ? Lui qui se vouait à l'autre, se donnait pour le bien d'autrui, comment a-t-il pu être repris si rapidement par son créateur et père céleste ? L'être humain n'a pas les réponses à tout. Je constate pourtant que ce jeune avait vécu tellement intensivement qu'il avait déjà semé de nombreuses graines d'amour. Sa mission sur cette devait être terminée. Reste sa famille, son amie. Il est parfois cruel de rester en vie et de continuer la route...

Un autre décès tragique a eu lieu le 1er avril sur l'autoroute: une jeune femme a été tuée sur le coup par un camion venant du sens inverse et qui lui est tombé dessus. Telle est, en substance, l'article que j'ai lu. Immédiatement, quelque chose en moi me crie: pourvu que cela ne soit pas quelqu'un que je connais. Je passe alors en revue les possibilités. Je n'en vois pas. Et pourtant... Le lendemain j'apprends qu'il s'agit d'une camarade de cours, tout comme son mari et sa meilleure amie ! Une personne que j'appréciais beaucoup et qui apportait une bonne vitalité dans le groupe grâce à sa bonne humeur et à son enthousiasme.

Bien sûr, ce décès déjà très pénible en soi, m'a rappelé le départ rapide d'Iris: même jour, même attente de l'autorisation d'inhumer le corps, même jour pour l'enterrement. Et aussi un mari éploré, bien que très courageux. Là aussi beaucoup de questions. Toutefois, au travers d'une profonde tristesse, Dieu m'a montré dans cet événement que j'avais déjà bien avancé sur mon chemin de deuil. En plus, la cérémonie a eu lieu dans une église dans laquelle je vivrai un autre événement important. Mais j'en reparlerai.

La souffrance des autres rejoint ainsi parfois notre propre souffrance. Celle-ci nous permet de mieux comprendre l'autre, d'être plus concerné. Il y a toutefois le danger de mélanger les événements et il y a donc intérêt d'être vigilant.

En ce qui me concerne, je remarque que cela a atteint ma résistance émotionnelle en plus d'autres situations pas faciles. Je me sens ainsi vulnérable et cela n'est pas facile pour moi à vivre. J'apprends à accepter cette vulnérabilité, à continuer d'avancer avec elle.

Et puis j'apprends aussi à mieux comprendre l'autre dans sa souffrance, à être plus empathique. En serais-je meilleur ? Non, mais plus dans la réalité de la vie, ça certainement !

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