Parler du suicide ?

Une deuxième grande décision s'est rapidement profilée devant nous: allions-nous dire clairement que notre épouse et maman s'était suicidée et risquer ainsi l'opprobre et la "salissure" de sa mémoire ?

Nous avons pris cette décision ensemble, avec le frère d'Iris, son épouse et des amis qui nous entouraient.

Il nous est apparu très clairement que nous ne pouvions pas continuer à vivre en portant ce secret. De toute façon, cela avait déjà commencé à "jaser" dans la Vallée. Mais ce n'est pas ce point qui nous a décidé. C'est la conviction de vivre cette épreuve dans la vérité, simplement. C'est aussi le désir de porter un éclairage véridique sur les faits. En effet, avec l'incendie, ce décès avait déjà pris une proportion publique dont nous nous serions bien volontiers privés. Et, il nous apparaissait fondamental de dire que le feu n'était pas de la responsabilité d'Iris, aussi étonnant que cela puisse paraître. En effet, celle-ci était déjà décédée au moment de son "départ" selon les résultats de l'enquête. D'ailleurs ce fut un grand soulagement car cela ne correspondait pas à la personnalité d'Iris de mettre le feu à sa maison qu'elle aimait et ainsi nous mettre dans un embarras encore plus fort. Elle ne voulait pas cela. Au contraire, nous sommes persuadés qu'elle désirait avant tout partir discrètement pour ne pas devenir une charge (c'est ce qu'elle croyait hélas de plus en plus).

C'est ainsi que nous l'avons dit clairement à l'ensevelissement. Nous ne le regrettons pas. Ainsi, nous pouvons en parler en toute liberté et vérité. Ce n'est pas un poids supplémentaire. Cela ne crée pas un secret de famille si dur à porter. Le Dr Christophe Fauré écrit "on peut parler du suicide pendant les obsèques (mais également plus tard), tout en affirmant que la vie de la personne qu'on a perdue ne se réduit pas au seul fait de s'être suicidée. Ses obsèques doivent être l'occasion d'honorer toutes les dimensions de son existence. Le suicide de quelqu'un ne résume pas son histoire de vie".