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Chemins de deuil
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Chemins de deuil
6 avril 2007

Culpabilité (1): si...si...si...

La quête du "pourquoi" et la culpabilité occupent en effet le même territoire: qu'est-ce que je n'ai pas fait ? Qu'est-ce que je n'ai pas compris ? Qu'est-ce que je n'ai pas vu ? Comment n'ai-je pas senti son mal de vivre ? Est-ce que j'ai fait assez pour elle ? Est-ce que je l'ai assez aimé ? Et si j'avais su...Et si seulement...
Certains ont la chance d'échapper à son emprise, mais ils font figure d'exception; pour la plupart des proches en deuil après suicide, la culpabilité constitue l'axe majeur autour duquel s'articule la douleur. (Dr Christophe Fauré).

Dès l'annonce du décès, la culpabilité a commencé à tisser ses fils en moi. Le jeudi, lorsque nous avons appris de façon certaine qu'il s'agissait d'un suicide, ce sentiment est devenu plus présent encore.

Qui peut prétendre avoir été parfait ? Pas moi. Je sais très bien que je n'ai pas été un mari irréprochable. Par mes paroles, par mon manque d'attention, par mes actions, j'ai parfois blessé Iris. Et je n'ai même pas la prétention d'avoir toujours su lui demander pardon.

Bien que notre couple ait vécu de nombreux beaux moments en tout genre, il n'était pas à l'abri des turbulences. D'autant plus que nous avons traversé ensemble pas mal d'orages. Mais notre barque a toujours pu rester à flot.

Néanmoins, qu'aurais-je pu entreprendre pour repousser au large les pensées que j'ai découvertes mortifères de mon épouse ?

Tout et rien ! Telle est une réponse que je peux apporter. Tout lorsque la culpabilité me jette au visage toutes les scènes possibles de mes manquements. Oui, il arrive parfois que je me regarde comme un mari qui a passé à côté de tout et qui n'a rien réalisé de bien. C'est une souffrance brûlante. Je remets en question tous mes choix. La culpabilité, alors, me ronge intérieurement. Rien quand je revois la situation plus objectivement: rien ne semblait pouvoir stopper la maladie d'Iris.

Et puis il y a un grand piège de le Dr Fauré met bien en exergue et que je ne sais pas encore éviter:

Il semble que nous mettons la charrue avant les boeufs: le suicide d'un être cher induit, en soi et par lui-même, de la culpabilité; ce n'est que dans un deuxième temps qu'on scrute le passé, afin d'essayer d'étayer ce sentiment, en cherchant des supports qui rendraient tangible, légitime et "objective" cette culpabilité de fond.

Ainsi je relis le passé pour expliquer le présent que je connais. Par exemple, lors du dernier week-end, je n'ai pas su entourer Iris comme il aurait fallu lorsqu'elle a souffert d'hypertension et que nous avons dû appeler le médecin de garde. Ces malaises me désarçonnaient et je ne savais pas trop quoi faire pour la soulager. En plus, je n'étais moi-même pas bien...et je n'ai pas osé lui dire, de peur qu'elle se fasse de souci. Elle l'a interprété comme un manque de sollicitude... Ah comme j'aimerais pouvoir lui dire combien je l'aime pour la sécuriser. Ce que je n'ai pas su faire à ce moment-là. Pourtant, nous avons tout-de-même échangé et partagé ensemble. Particulièrement le samedi soir et le dimanche matin. Même qu'elle est descendue un moment vers moi malgré les vertiges qui l'handicapaient encore. Mais ce dernier week-end restera gravé en moi comme celui des occasions perdues, comme celui qui a peut-être déclenché un mécanisme mortel que je n'ai pas su déceler sur le moment. Certaines images tournent en boucle dans mon esprit et je souffre. Pourtant, l'apitoiement ne m'apporte rien et en tout cas ne me la ramène pas. Elle est partie et je n'y peu plus rien...

Quelle leçon tirer de tout cela et quel remède appliquer ? J'y reviendrai.

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