Le départ de ma fille

Un mois après le décès d'Iris, c'est Rachel, notre fille aînée, qui partait pour l'Afrique. Elle va y vivre un stage pour terminer son école d'éducatrice (je vous conseille d'aller lire son blog "sunshine5811.canalblog.com")

C'est la troisième grande décision qu'il m'a fallu prendre et très rapidement...bien qu'elle ne dépende pas totalement de mon pouvoir (et même pas du tout objectivement).

Subjectivement, il aurait en effet été tentant de faire pression moralement pour que ma fille reste auprès de moi et de sa soeur après ce tragique décès qui nous a laissé complètement désarçonné.

J'ai souvent dit, avec leur maman, que nos enfants nous étaient prêtés. Nous avions l'insigne privilège de les accompagner sur le début du chemin de leur vie, mais après, quelqu'un d'autre prend le relais: leur Père céleste qui promet de ne jamais abandonner !

Il y a donc parfois des moments où il ne faut pas simplement édicter des théories, mais passer à la pratique ! Cela m'est arrivé plusieurs fois pour cette même question. En ce mois de janvier, la conviction est rapidement venue dans mon coeur que ce projet nourri depuis plusieurs mois devait se réaliser comme prévu. Rachel ne devait pas changer ses plans pour s'occuper de son père même si la souffrance le touche. Ce n'est pas la mission des enfants de porter le poids des parents (du moins à mon âge !). C'est au parents d'envoyer les enfants dans leur vocation, de les bénir.

Suis-je un héro ? Oh que non ! Car je n'ai pas dit que c'était facile. Nous avons suffisamment une bonne communication avec mes filles pour parler clairement. Je leur ai dit plusieurs fois qu'il m'était dur de les voir partir mais que c'était juste. J'ai eu la chance d'apprendre ces 20 dernières années à mieux dire mes émotions sans que celles-ci soient un obstacle à une chose naturelle. En particulier à mes filles.

Aussi, le 23 février peu après 7h30, elle s'est envolée... Elle a hésité à partir comme prévu mais elle a aussi discerné que c'était juste. Le 21 nous avons pu passer, ma fille et moi, un magnifique moment de partage coeur à coeur. Ensuite j'ai pu avec émotion prier pour elle et l'envoyer au nom de notre Seigneur vers sa vocation envers les enfants des rues. Ce sont des moments forts qui tissent des liens d'affection.

Je suis fier des choix de mes filles. Nous avons eu beaucoup de chances avec elles, Iris et moi. Je sais que mon épouse, qui avait beaucoup partagé et prié avec Rachel pour ce stage, aurait également encouragé ce départ à ma place. Je suis heureux que quelque part en Afrique, à Kinshasa plus précisément, une jeune femme de 23 ans consacre de son temps pour rencontrer des enfants qui souffrent et qui ont besoin d'amour. Je sais que cela n'est pas toujours facile pour elle, loin de nous et de ses amis. Mais je sais que cela est juste.

Dieu est pour nous une présence réelle et je crois qu'il l'accompagne là-bas, sur son chemin.

Quant à moi, c'est effectivement une deuxième "perte" en 1 mois, mais je le vis bien. Avec Ketsia et nos amis, je continue aussi ma route sous le regard bienveillant de notre Père céleste.

Comments

[Samsha]

Je ne savais pas trop quel texte choisir pour mettre un commentaire car ils m'ont tous touchée. Finalement j'ai choisie celui qui me concernait un peu... J'ai juste envie de te remercier pour ce blog. Cela reste l'avis de ta fille, donc sûrement pas très objectif, mais je le trouve vraiment très beau, profond, authentique, simple. Je crois que cela peut aider d'autres à vivre leur deuil. En tout cas ça m'aide moi... Merci d'ouvrir ton coeur et de m'emmener sur ce chemin trop difficle... mais sûrement pas impossible! La preuve, tu as ouvert, un nouveau blog. La force de vie est toujours là, l'homme passionné aussi! Merci, je vais rester passionnée aussi! Je t'aime!
Rachel